Le siège de Turin
Le siège de Turin a été un événement très important dans l’histoire de la ville, mais ses conséquences ont été aussi considérables dans l’histoire de l’Europe; les faits de la guerre détermineront de nouveaux équilibres entre les états qui, sanctionnés par les traités d’Utrecht et de Den Haag, ne changeront pas jusqu’ à la Révolution française
La ville, capitale du duché de Savoie, qui était encore un petit état dans une Europe dominée par deux grandes puissances – la France et l’Empire – vit des jours dramatiques sous la menace de très lourds bombardements et sous le spectre de la famine.
Les bombardements
Le 17 juin le siège est complet. Le Duc sort de la ville en promettant aux Turinois de revenir bientôt à la tête d’une armée libératrice. La responsabilité de la défense de Turin est confiée au général autrichien Virico Daun.
Les Français, campés dans la plaine à l’ouest de la ville et protégés par les tranchées bâties par leurs sapeurs, attaquent la ville du côté de la citadelle avec le front d’attaque dans la zone où aujourd’hui se trouve la gare de Porta Susa. De la France le maréchal Vauban désapprouve l’attaque à Turin du côté de la citadelle puisque il connaît les difficultés d’une guerre souterraine quand les ennemis ont l’avantage de s’être installés premiers. Mais La Feuillade ne change pas ses plans et une terrible guerre de mines et contre-mines commence avec de lourdes pertes parmi les assaillants.
L’image met en évidence la position des batteries françaises dans la première phase du siège.
Le commencement du siège
Le 14 mai 1706 les Français , qui disposent maintenant de 44.000 hommes, commencent les opérations de siège.
En vue du siège les oeuvres défensives de Turin ont été agrandies et perfectionnées. La ville est complètement entourée par un enceinte de fortifications qui couvrent aussi l’accès du côté de la colline et se relient à la citadelle construite au le seizième siècle par le Duc Emanuele Filiberto après le transfert de la capitale du duché de Chambéry à Turin.
Turin est une des plus modernes places fortes d’Italie mais elle n’est pas seulement une place forte. C’est une ville de 40.000 habitants qui émerge de la plaine déjà riche en belles rues et en palais baroques
Août, le siège dure depuis trois mois
Les bombardements et la guerre de mines et contre-mines continuent. Les galeries de la citadelle prouvent toute leur efficacité; les assaillants ont essayé de les inonder mais l’essai a échoué. La ville est au bout des forces mais on ne démorde pas tandis que les pertes des assaillants sont terribles: dans les jours de mi-août les morts, les blessés et les déserteurs ont réduit une armée, qui comptait 44.000 hommes au début du siège, à 27.000 hommes valides.
Mais pourtant la violence des assauts ne diminue pas; le 26 août un grand assaut est repoussé avec des pertes sanglantes: des centaines de soldats tombent dans le fossé qu’ on a essayé de franchir
Deux jours après les Français essaient d’entrer dans la citadelle à travers les galeries mais sont arretés par le geste héroïque de Pietro Micca.
La marche du Prince Eugène
Déjà au commencement de la guerre le Duc de Savoie avait sollicité l’intervention de l’alliée armée impériale, mais sans résultat. L’armée impériale, campée dans l’Italie de l’est, est commandée par le Prince Eugène de Savoia-Soissons qui maintenant juge qu’il n’y a pas de temps à perdre.
Le 7 juillet il franchit le fleuve Adige, le 18 le fleuve Po et poursuit la marche vers le Piémont. La marche est rapide et les villes qu’on rencontre, alliées des ennemis, sont vite conquises.
Le commandant des français en Lombardie est le Duc d’Orléans qui ne cherche pas de l’arrêter mais lui aussi fait route pour Turin.
Le Prince arrive le soir du 29 août à Villanova d’Asti où une escorte l’attend pour l’accompagner à Carmagnola où il rencontre le duc.
Les jeux qui paraissaient près de la conclusion sont maintenant de nouveau ouverts.
Le secours
Le 2 septembre Vittorio Amedeo II et le prince Eugène montent à Superga sur la colline de Turin pour évaluer d’en haut la situation et choisir une stratégie.
On décide de contourner le bloc français en déplaçant l’armée impériale et la cavalerie piémontaise vers la zone nord-ouest de la ville là où les assaillants paraissent plus vulnérables
C’est une manoeuvre audacieuse puisque les mouvements des troupes se fait près des lignes françaises; mais ceux-ci ne bougent pas et le 6 septembre la manoeuvre est complète et les alliés campent entre les rivières Dora et Stura.
Le 7 sera le jour de la bataille. A l’aube le Prince Eugène donne l’ordre de marcher vers l’ennemi.
.L’attaque
C’est à 10 heures que l’armée autrichien-piémontaise attaque sur tout le front. La poussée principale est exercée a l’aile gauche où se trouvent les grenadiers prussiens du prince d’Anhalt.
L’attaque de front est complété par une monoeuvre tournante de la cavalerie commandée par le Duc de Savoie qui a découvert un point défendu faiblement. L’aile droite française est séparée du centre; il se forme un saillant où les Français essaient une contre-offensive qui est arrêtée par un brigade de réserve.
Parmi les Français la débandade commence mais la bataille demeure acharnée.
Vittorio Amedeo II conduit une colonne de cavalerie vers la région du “Regio parco” pour interdire aux troupes françaises descendues de la colline de franchir le Po et soutenir les camarades en difficulté
Les phases finales
L’armée française se désagrége, seule l’aile gauche résiste appuyée au château de Lucento; mais maintenant le général Daun ordonne la sortie de la garnison qui attaque les ennemis par derrière. Aussi l’aile gauche se replit, des centaines de soldat, en cherchant de se sauver, se noyent dans la Dora.e
La situation est desormais désespérée pour les assiégeants qui à trois heures de l’après-midi commencent la retraite générale. La plupart se dirige vers Pinerolo et d’ici, tout espoir de revanche étant perdu, vers la France. Vittorio Amedeo et le Prince entrent dans la ville libérée par la porte d’Italie et se rendent chez la cathédrale où le “Te Deum” de remerciement est célébré. Encore aujourd’hui, trois siècles après, l’événement est évoqué, tous les 7 septembre, avec le chant du “Te Deum” dans la basilique royale de Superga.